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Mon père et ses trois frères formaient une équipe de quatre évangélistes qui prêchaient l’Évangile sur les places et les marchés. Ils avaient des roulottes automobiles, déjà avant la guerre de 39-45 ; cette équipe des « quatre Frères Arnera », comme on les appelait, avait beaucoup voyagé, en France et à l’étranger. Or, les quatre frères avaient un frère aîné, qui s’appelait Attilio. Mais à l’âge de 8 ou 9 ans, à la suite d’une méningite, son développement intellectuel s’était arrêté. Il s’exprimait avec peine, en bredouillant beaucoup, de sorte qu’il avait en son cœur cette tristesse : « Mes frères prêchent le Seigneur partout, et moi je n’y arriverai jamais ! »
Or, voici ce qui est arrivé quelques années avant sa mort. Un dimanche matin, mon oncle Attilio descendait à pied depuis Vallauris jusqu’à la route de Cannes pour prendre le car et aller au culte. Tandis qu’il attendait, une voiture italienne s’arrêta, un homme en descendit et lui demanda la direction à prendre :
— Je me suis égaré et je cherche ma route.
Mon oncle lui répondit en italien, lui indiqua la route en disant :
— Ici, c’est la route de Vallauris, et là, celle de Cannes.
Et ce voyageur de lui dire :
— Vous connaissez Vallauris ?
—Oui, c’est là où j’habite !
—Est-ce que vous connaissez, à Vallauris, un dénommé AttilioArnera?
—Mais AttilioArnera, c’est moi !
Alors cet inconnu, tout ému, lui tendit les bras et lui dit :
— Il y a 50 ans à peu près, à la bataille de Caporetto, en 1917, j’étais blessé à mort. Vous étiez brancardier, vous m’avez ramassé sur le champ de bataille ; vous m’avez pansé et emmené à l’ambulance. Vous m’avez aussi parlé de Jésus dès que j’avais repris connaissance, et vous m’avez donné votre Nouveau Testament de poche. Je l’ai lu à l’hôpital. Je me suis donné au Seigneur. Plus tard, après ma rentrée en convalescence, chez moi, nous l’avons lu en famille. Ma famille s’est convertie, et maintenant dans mon village natal, il y a toute une assemblée de croyants qui se réunit pour louer le Seigneur. Et tout cela, grâce à vous !
Imaginez la joie de mon cher oncle Attilio ! Imaginez ces deux hommes pleurants d’émotion au bord de la route… Que les bontés de l’Éternel sont immenses !
Alors, quelques jours après, mon oncle prit le train ; il fit lui-même le tour de ses nombreux neveux et nièces. Quelle fierté, quel bonheur : il voulait raconter lui-même l’honneur que le Seigneur lui avait accordé. Et il nous disait en bégayant :
— Et moi aussi, j’ai évangélisé !
C’était le commencement de sa vie…
Dans mon ministère de pasteur, j’ai eu l’occasion de raconter cette histoire à un groupe de jeunes chrétiens allemands qui visitaient la France, ils m’ont demandé de revenir, le soir et de la raconter à nouveau pour qu’elle soit enregistrée.
— Après, nous la traduirons, m’ont-ils dit. Nous en ferons un traité pour la distribuer en Allemagne…
On m’a demandé de raconter à nouveau l’histoire de mon oncle Attilio. Il est mort quelques années après ; mais le Seigneur lui avait donné cet immense bonheur : lui que la maladie avait rendu incapable de bien parler, lui qu’on considérait un peu comme un simplet. Le Seigneur ne l’avait pas oublié. Et il pouvait dire avec un immense bonheur la gloire de sa vie : « Moi aussi, j’ai été un évangéliste. »